Les abeilles sont un sujet qui m’intéresse. J’ai déjà pu me renseigner via divers livres et j’essaie d’en parler régulièrement avec mon père puisqu’il est apiculteur.
A travers cet article, j’aimerais que vous compreniez les enjeux à les sauver, l’intérêt étant à la fois pour elles mais aussi pour nous.
Leurs caractéristiques ?
Les abeilles sauvages ou “osmie” existent depuis l’ère mésozoïque, en gros la période des dinosaures, il y a 250 millions d’années !! Elles ont réussi à survivre aux ères glaciaires, c’est incroyable quand on y pense. Ces petites bêtes se débrouilleraient très bien sans nous si nous ne détruisions pas leur habitat. Elles peuvent être solitaires ou sociales. Il y aurait 20 000 espèces dans le monde et environ 1 000 en France. Approximativement 90% des espèces sont solitaires et parmi ces solitaires, 30% nichent hors-sol. Elles vivent dans des tunnels et ne font pas de stock de miel. La majorité des abeilles solitaires femelles ont une durée de vie entre 3 et 6 semaines. Les mâles moins : dès qu’ils s’accouplent avec une femelle ils meurent dans les jours qui suivent. Elles sont inoffensives malgré que la femelle ait un dard. Elles n’ont aucun intérêt à vous attaquer, elles ont beaucoup à y perdre (leur vie, leur nid, leurs larves…). Leur premier comportement sera plutôt de fuir puis revenir quand vous n’êtes plus dans les parages. Elles sont très importantes pour la pollinisation.
Les domestiques ou “abeilles à miel” vivent en groupe. On y trouve la reine, les ouvrières et les mâles appelés “faux-bourdon”. La différence entre la reine et les ouvrières se fait dès le stade de larve, la reine est nourri exclusivement à la gelée royale alors que les ouvrières en sont privé très tôt. Leur durée de vie est changeante selon les saisons, la reine peut vivre jusqu’à 3 ans, en période de production de miel (été), les ouvrières 42 jours et les mâles du printemps à la fin de l’été. Pendant l’hivernage, on ne trouve plus aucun mâle dans la ruche et les ouvrières vivent 6 mois. La reine peut pondre jusqu’à 2 000 œufs par jour, soit l’équivalent de son propre poids ! Les mâles ne naissent que pour féconder la reine, ils n’arrivent pas à se nourrir seuls et seront mis dehors le moment venu. Ils ne piquent pas puisqu’ils ont un phallus à la place du dard. Ces abeilles sont aussi importantes pour la pollinisation mais aussi pour leur miel.
Pourquoi ce déclin ?
Le mode de vie que nous menons n’est plus vraiment en adéquation avec celui de la nature. Vous voulons toujours plus et toujours plus vite, ce qui entraîne des rythmes de production de plus en plus élevés pour les entreprises. Les terrains de monoculture ont pris de plus en plus de place. Les aides sociales sont faîtes selon la grandeur de la culture, par conséquent les agriculteurs n’hésitent pas à détruire la biodiversité pour étendre leurs exploitations. Cela peut dérégler l’écosystème qui s’était installé depuis longtemps et donc détruire les habitats naturels. Je tiens à rappeler que :
- 75 % de la production mondiale de nourriture dépend des insectes pollinisateurs.
- Entre 60 et 90 % des plantes sauvages ont besoin d’insectes pollinisateurs pour se reproduire.
- 265 milliards de dollars : c’est la valeur estimée du service rendu par la pollinisation dans le monde et environ 14 milliards d’euros pour l’Europe.
Il est clair qu’avec ces chiffres, nous ne pouvons pas nous passer des butineurs pour nous nourrir. Par exemple, les amandes qu’on trouve dans le commerce (d’Amérique) ont besoin d’être pollinisées, il y a des centaines de ruches qui doivent être transportées lors de la floraison. Ce qui affaiblit les abeilles. Les pertes, les vols et les pesticides n’arrangent rien à la situation. La demande est de plus en plus grande. Nous constatons déjà que dans certains pays, ils n’ont d’autre solution que de polliniser à la main !
La situation est dramatique puisque qu’elles disparaissent de plus en plus.
- Les populations d’abeilles domestiques ont chuté de 25 % en Europe entre 1985 et 2005.
- Ces derniers hivers, la mortalité de ces populations était de 20 % en moyenne en Europe, voire de 53 % dans certains pays (10% étant un taux “normal”. Voici un pdf que j’ai trouvé sur le taux de mortalité en 2017.
Bien sûr, il y a aussi d’autres facteurs expliquant leur disparition (et qui s’entretiennent les unes les autres) : dérèglements climatiques, nouveaux virus et agents pathogènes, acariens (varroa destructor), parasites (nosema ceranae), importation de prédateurs exotiques (frelon asiatique…).
Focus sur les pesticides :
Les effets sont divers : ralentissement du développement, malformations, perte d’orientation (les abeilles ne retrouvent plus leur ruche), incapacité à reconnaître les fleurs, affaiblissement des défenses immunitaires… L’utilisation de pesticides impacte les populations de pollinisateurs. Sans oublier que ces derniers sont exposés aux risques des cocktails chimiques. En effet, les abeilles peuvent se nourrir de pollen contenant jusqu’à sept pesticides différents !
La toxicité d’un contact direct n’est pas niée par les fabricants, mais les résidus de pesticides que l’on retrouve ensuite dans le nectar, le pollen et même l’eau des plantes traitées présentent également un danger mortel pour les pollinisateurs. Sans compter les effets d’une exposition répétée à de faibles doses…
Qu’est-ce qu’on peut faire à notre échelle ?
Comme nous avons vu plus haut, il est important de sauver ces 2 espèces.
Voici donc quelques solutions :
Les abeilles domestiques
Pour tout un tas de pollinisateurs (dont les abeilles), vous pouvez cultiver des plantes mellifères. Est dite « mellifère » une plante qui sécrète du nectar ou du miellat, substances à partir desquelles l’abeille fait son miel. Si toutes les plantes à fleurs produisent du pollen, toutes ne produisent pas de nectar, telles que la rose ou le géranium.
Elles sont accessibles aux abeilles domestiques car elles ont une morphologie qui s’adapte bien à ces dernières.
Outre sa morphologie, une plante mellifère tient sa valeur, chez les apiculteurs, de sa capacité à fournir aux abeilles les quatre matières premières nécessaires à la ruche.
- Le nectar : c’est le composant premier du miel
- Le pollen : un ingrédient nécessaire à la production de la gelée royale
- La propolis : une substance à double usage : mortier et produit anti-infectieux
- Le miellat : il est utilisé pour compléter le nectar
Les plantes mellifères fleurissent tout au long de l’année, de telle sorte que les abeilles trouvent leur nourriture saison après saison. Devant la variété et la diversité de ces plantes, les abeilles ont une préférence notoire pour certaines mellifères, comme la phacélie qui produit beaucoup de nectar, la bourrache officinale, le mélilot blanc et le sainfoin. Mais la liste est encore longue.
Pour les aider dans leur collecte, il est essentiel de favoriser la biodiversité en cultivant plusieurs espèces mellifères. Choisissez des arbres, arbustes, plantes de massifs ou espèces potagères qui fleurissent au fil des saisons ; ainsi les abeilles auront toujours plaisir à visiter votre jardin !
Petit plus lors de vos commandes sur ma boutique, je vous envoie une petite carte de visite ensemencée aux fleurs. Ne la jetez pas, plantez-la !
Mais alors, quoi planter ?
Voici quelques exemples des plantes les plus importantes, classées en fonction de leur valeur apicole, en fonction des substances qu’elles fournissent aux abeilles.
- Nectar, pollen, miellat et propolis : L’érable plane
- Nectar, pollen et propolis : Lierre, Sorbier des oiseleurs
- Nectar, pollen et miellat : Châtaignier, Merisier, Griottier
- Pollen et miellat : Noisetier, Sapin blanc
- Nectar et miellat : Clémentinier
- Nectar et pollen :
Hiver-printemps (janvier-avril) : noisetier, perce-neige, helleborus niger, saule marsault, amandier
Printemps-été (avril-juillet) : groseillier, laurier-tin, buis, acacia (robinier “faux acacia”), cornouiller sanguin, houx, pissenlit, érable sycomore, myrtille, trèfle blanc
Printemps-automne (avril-septembre) : moutarde blanche, thym
Été (juin-août) : lavandin, framboisier, rhododendron, angélique, arnica des montagnes, chardon-marie, gentiane jaune, lyclet de barbarie, tournesol
Été-automne (juillet-septembre) : balsamine de l’Himalaya, bruyère, épilobe en épi, callune
Automne-printemps (novembre-avril) : romarin.
Si vous avez ces arbres dans votre jardin ou si vous connaissez quelqu’un qui en a, essayer de les garder pour aider la faune environnante !
Des plantes mellifères à éviter
Certaines plantes mellifères sont à éviter. En effet, un arbre comme le tilleul argenté est toxique pour les abeilles. Par contre, d’autres mellifères même si elles ne sont pas toxiques, sont également à éviter parce que leur miellat cristallise très vite, de telle sorte qu’il devient inexploitable. C’est le cas par exemple du miellat du mélèze.
Les bons gestes au jardin
Une règle d’or : ne jamais utiliser de pesticides ou d’insecticides qui tueraient les abeilles !
Si vous possédez un jardin, ou même simplement quelques jardinières sur un balcon ou un rebord de fenêtre, plantez et cultivez des espèces mellifères : vous participerez ainsi à l’équilibre des colonies et la présence des abeilles favorisera la pollinisation de vos arbres fruitiers et plantes potagères. Mais attention: n’utilisez jamais d’insecticides ou de pesticides, très néfastes pour tous les insectes pollinisateurs, notamment les abeilles !
Mais vous n’êtes pas obligé de les cultiver, vous pouvez simplement laisser les “mauvaises herbes” pousser comme des grandes.
Les espèces rustiques et les fleurs sauvages sont souvent plus riches en pollen et en nectar que les fleurs sophistiquées. Aussi, n’hésitez pas à les laisser croître dans une portion de votre jardin : pissenlit, ortie, achillée, serpolet, pâquerette, sainfoin… Vous pouvez aussi semer des mélanges de fleurs des prés, trèfle, réséda, bleuet, coquelicot, luzerne, qui composent de très jolis tapis colorés.
La nourriture c’est bien mais il ne faut pas oublier la boisson ! Alors si vous pouvez déposer une coupelle remplie d’eau, que vous changerez de temps en temps (encore plus quand il fait chaud), même en ville ! Une colonie peut consommer 60 litres d’eau par an ! Si le récipient est profond, prévenez les risques de aucune noyade en y mettant un bâton ou un flotteur (style liège, bois, mousse) pour qu’elles puissent s’accrocher si elles n’ont pas pied. Vous pouvez aussi agrémenter l’eau avec des tisanes de plantes, des feuilles d’orties, du vinaigre de cidre afin d’enrichir l’eau en minéraux. Ça permettra aussi de donner à boire aux oiseaux !
Les bons gestes au quotidien
Si vous n’avez pas de temps ni de place, vous pouvez parrainer des ruches pour aider ces petits culs. Le bonus : vous recevrez régulièrement des nouvelles mais aussi des pots de miel. Vous trouverez ce type de parrainage sur des sites comme Un toit pour les abeilles mais vous pouvez vous renseigner si un apiculteur le fait dans votre région.
Dernier conseil mais pas des moindres, prenez du vrai miel et non du sucre. Vous vous demandez peut-être pourquoi je vous dis ça mais la demande en miel des consommateurs est tellement grande que pour satisfaire tout le monde, les négociants n’hésitent pas à couper le miel avec du sucre, voire de vous vendre du sucre et non du miel. Préférez un miel de France pour aider les apiculteurs et la biodiversité. Vous trouverez en bas de la page, une catégorie “source”, une vidéo sera à votre disposition si vous voulez en savoir plus sur le sujet.
Les abeilles sauvages
Quant aux abeilles sauvages, vous pouvez mettre en place un abris acheté ou fait maison. Un endroit au sec, une bûche de bois ou des roseaux/bambou feront très bien l’affaire. Posez-les sur une façade ou un rebord de fenêtre et dirigez vers l’Est ou Sud/Est.
Vous n’aurez qu’à observer les allers et venues de vos nouvelles voisines.
Mais comme nous l’avons vu plus haut, 70% des abeilles sauvages vivent dans le sol, alors observez bien votre jardin et prenez soin d’elles.
Par exemple, depuis l’année dernière, dans le mien, j’ai une dizaine de nids d’abeilles des sables. Du coup, je fais attention à ne pas trop les déranger.
Pour leur donner de quoi manger, reportez-vous aux astuces pour les abeilles domestiques.
Cet article a été long et j’espère que vous avez pu tout lire. C’est un sujet ultra passionnant, leurs fonctionnements m’épateront toujours. Pis faut avouer qu’elles sont super mimi ! Nous ne devrions pas avoir peur d’elles car elles nous donnent tellement en retour.
J’espère que vous avez pu en apprendre un peu plus sur elles et que vous comprenez pourquoi il est important de les aider.
En résumé
La population d’abeilles est en danger. Si on ne fait rien pour les aider, elles risquent de disparaître et les conséquences risquent d’être terribles pour nous.
Concernant les abeilles domestiques, privilégiez les miels purs et Français.
Installez des abris pour les abeilles sauvages et cultivez des plantes mellifères pour les abeilles domestiques, n’oubliez pas de laisser un point d’eau pour qu’elles puissent boire. Si vous ne pouvez pas, il est toujours possible de parrainer des ruches et recevoir du miel en échange.
Sources :
- Arte : “Les abeilles sauvages”
- Marie Wild : “Le déclin de l’abeille noire”
- GreenPeace : “Abeilles en danger : un fléau aux causes multiples et aux conséquences catastrophiques”
- Tout compte fait : “Les secrets du miel « made in China »“
N’hésitez pas à partager vos expériences sur mes comptes Facebook ou Instagram avec le hashtag #unejulievertezd, mon pseudo : Une Julie Verte. Je serais super contente de les voir et je les partagerais à mon tour.
Retrouvez mes autres articles par ici :
Ping de retour: Comment aider les abeilles ? – Syndicat des apiculteurs de Metz & environs
Bonjour,
En ce qui concerne le parrainage des abeilles dont vous parlez dans votre article. Je vous renvoi vers un article qui parle de ce sujet. Wildbee.ch/prudence-parrainage-abeille.
Bonne journée.
Bonjour, vous parlez de quel parrainage ?
Votre lien ne marche pas.
Merci
Julie